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La reconnaissance de l’habitat mobile, une nécessité

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Pour rétablir l’équité

L’accès à un logement décent est un droit fondamental pour tous les citoyens. Pourtant, les personnes vivant en habitat mobile, comme les caravanes, se heurtent à de nombreux obstacles et discriminations.
 
La reconnaissance de l’habitat mobile comme un véritable logement est une étape indispensable pour garantir l’égalité des droits et l’inclusion sociale de leurs habitants.

L’habitat mobile doit être reconnu comme un logement à part entière

L’habitat mobile ou léger est une réalité pour de nombreux citoyens français. Pourtant, les habitants de ceux-ci ne bénéficient pas des mêmes droits et protections que les autres. Il est temps que cela change afin qu’ils puissent vivre dignement et pour promouvoir la justice sociale, le respect des droits sociaux fondamentaux et une société plus inclusive.

Il est nécessaire que l’habitat mobile soit reconnu comme un logement à part entière afin de garantir l’égalité des droits pour tous. Cela donnerait enfin accès aux aides et assurances indispensables pour vivre dignement. Une telle reconnaissance permettrait de lutter contre la précarité et l’exclusion qui découle de leur mode d’habiter différent.

La question du droit commun pour les gens du voyage

Actuellement, en France, la caravane n’est pas officiellement considérée comme un logement, alors qu’il s’agît de l’habitat pérenne des gens du voyage. De multiples organisations de voyageurs ont signalé les difficultés que cela pose pour eux, notamment à la Commission Nationale Consultative des Droits de l’Homme, et appellent à une évolution de la législation. Cette non-reconnaissance entraîne diverses discriminations dans plusieurs domaines tels que la domiciliation, la fiscalité, l’accès aux aides au logement, au crédit immobilier, aux assurances habitation, ainsi qu’aux droits de garde parentaux. Il est important de souligner que la reconnaissance de la caravane comme logement est une recommandation majeure de la Rapporteure spéciale de l’ONU pour le droit à un logement convenable, dans son rapport du 24 août 2020 sur le droit au logement en France.

Il est difficile d’obtenir des aides sociales car les voyageurs ne sont pas toujours reconnus comme des habitants d’une commune. Leurs cartes d’identité portent souvent l’adresse d’une association agréée par l’État plutôt que celle de leur lieu de résidence, ce qui les empêche d’accéder aux aides sociales de leur commune. Il y a deux associations sur la métropole nantaise, une à Bouguenais et une à Rezé. Par exemple, une famille qui habite sur l’aire d’accueil de Saint-Herblain ne va pas au Centre Communal d’Action Sociale (CCAS) de la ville parce qu’elle est domiciliée à l’association de Bouguenais. Elle ne peut donc pas accéder aux aides alimentaires du CCAS, aux aides à l’énergie, à la cantine, etc…

Ils sont « invisibles » aux yeux de ces organismes sociaux. Au moment du Covid par exemple, ils n’ont pas pu bénéficier des tickets alimentaires ou des aides d’urgence distribués par les communes.

Pour faciliter leur accès aux droits, il faudrait les considérer en premier lieu comme des citoyens français à part entière. Les voyageurs passent leur temps à devoir se justifier, à devoir prouver qu’ils sont français. Il faudrait aussi simplifier les démarches administratives en leur permettant d’être domiciliés dans la commune où se trouve leur aire d’accueil.

Les mairies et les CCAS doivent prendre leurs responsabilités en intégrant pleinement ces familles dans leurs politiques sociales, notamment en matière de logement, de santé et d’éducation. Les aires d’accueil doivent devenir de véritables lieux de vie reconnus.

Enfin, il est plus que nécessaire que les questions liées aux gens du voyage soient traitées par les services de l’action sociale plutôt que par ceux de la « tranquillité publique » – qui dépendent de la police – afin de concilier les enjeux de vie collective et le respect des droits fondamentaux des voyageurs. Cela permettrait de privilégier une approche sociale plutôt qu’une approche répressive.

Seul un accès facilité et égalitaire aux dispositifs de droit commun permettra l’inclusion réelle des gens du voyage dans la société. Cela nécessite une volonté politique forte pour changer les mentalités et garantir à chacun une citoyenneté pleine et entière, quel que soit son mode d’habitat.

Ne plus être stigmatisé et marginalisé

Il est essentiel de sensibiliser le grand public et les acteurs concernés à toutes les difficultés auxquelles font face ceux qui vivent dans un habitat mobile, et plus particulièrement les gens du voyage. L’itinérance ne doit pas être assimilée à de la précarité ou de l’illégalité.

Les gens du voyage sont des citoyens français à part entière. Cependant, ils sont soumis à un système particulier : le « schéma départemental d’accueil et d’habitat des gens du voyage », ce qui les stigmatise en tant que population alors qu’il s’agit de citoyens comme les autres. La caravane et ses habitants sont souvent associés à des préjugés solidement ancrés dans l’imaginaire collectif.

Tout d’abord, il est important de reconnaître que l’habitat mobile est une forme de logement légitime et culturellement significative pour de nombreuses personnes. C’est un mode de vie qui leur permet de rester en contact avec leurs proches, leur culture et leurs traditions. Il est donc crucial de respecter cette forme d’habitat, plutôt que de la stigmatiser. Il est plus que nécessaire de combattre les préjugés, les amalgames et les stéréotypes négatifs associés à l’habitat mobile et aux voyageurs.

Lorsque l’État reconnaîtra la caravane comme un logement et lui offrira un « meilleur accueil », un accueil digne, le regard que porte le reste de la population sur les voyageurs s’améliorera grandement.

Ensuite, il est important de promouvoir des politiques et des pratiques inclusives qui respectent les droits des gens du voyage. Cela implique de garantir l’accès à un logement décent et adapté à leurs besoins, ainsi que de lutter contre les discriminations en matière d’emploi, d’éducation et de santé.

Il est temps de reconnaître et de valoriser la diversité des modes de vie et des cultures, et de lutter contre les préjugés et les discriminations qui empêchent les gens du voyage de vivre pleinement et dignement. En sensibilisant le grand public, en combattant les idées fausses et en promouvant des politiques inclusives, nous pouvons contribuer à créer une société plus juste et plus respectueuse de la diversité.

Pour une meilleure mixité sociale et un vivre ensemble apaisé

Qui dit reconnaissance dit meilleur accueil pour les habitants de l’habitat mobile

Vivre en caravane aujourd’hui implique de vivre dans une aire d’accueil dans la majorité des cas. On a organisé une ghettoïsation des gens du voyage, les reléguant aux frontières des villes, dans des lieux que le reste de la population trouverait indécents car à + de 50% pollués – bruit / odeur / air / ondes – et souvent dangereux. Indécents pour y vivre, avoir une famille, vieillir.

Du fait de cet éloignement géographique des aires d’accueil, le reste de la population ne connaît pas les gens du voyage. Ils sont loin des regards et ceux qui sont intégrés taisent leur appartenance à la communauté par peur du jugement. Les seules informations auxquelles la société a accès passe par le filtre des médias, qui met surtout en avant les faits divers.

L’État les exile et cela a un impact fort sur l’opinion publique, ça ancre leurs préjugés, ça les valide. Pourquoi la société devrait avoir plus de considération pour les voyageurs alors que l’État affiche son mépris en leur imposant des lieux d’existence indécents ? On trouve ça normal de les reléguer à côté des déchèteries. C’est bien qu’ils ne doivent pas mériter mieux, qu’ils ne méritent pas d’être intégrés, ils ne sont pas comme nous. Ça dit aussi que ceux qui veulent vivre différemment sont punis s’ils ne rentrent pas dans le rang.

Le regard du reste de la population est d’abord conditionné par la manière dont l’État traite les gens du voyage. Si on réfléchit à une meilleure inclusion, à un meilleur accueil de l’habitat mobile et des caravanes, on entrera dans un cercle vertueux qui fera changer le regard sur les gens du voyage.

Les gens pourront se rendre compte par eux-mêmes que non, ce ne sont pas des bandits et qu’ils ne sont pas tous pauvres, etc… Dans chaque population, il y a des gens honnêtes et malhonnêtes, il faut arrêter de faire des généralités à propos des gens du voyage.

Reconnaître l’habitat mobile comme un logement c’est reconnaître sa légitimité et donc quelque part c’est reconnaître les gens du voyage, reconnaître qu’ils font partie intégrante de la société. Et ça, c’est extrêmement important.