Association Départementale des Gens du Voyage Citoyens de Loire Atlantique
La peur de l’inconnu est souvent liée à notre instinct de survie qui nous fait percevoir les situations inconnues comme potentiellement dangereuses. Ainsi, quand nous sommes confrontés à des personnes ou des situations que nous ne connaissons pas, notre réaction naturelle est de nous méfier, car nous ne pouvons pas anticiper leurs intentions ou leurs actions.
De plus, les préjugés, les stéréotypes et les expériences passées influencent notre perception. Si nous avons été exposés à des informations négatives ou à des représentations médiatiques qui alimentent la peur de l’autre, cela renforce notre méfiance.
Les voyageurs sont souvent affublés d’une étiquette qui ne leur correspond pas. La stigmatisation est omniprésente : on accepte l’idée des voyageurs, mais on préfère qu’ils s’installent loin, idéalement dans la commune voisine. Beaucoup pensent aussi que la présence de caravanes va faire baisser le prix de leurs maisons. L’habitat mobile est un habitat suspect et les gens qui vivent dedans encore plus.
Depuis des siècles, l’étiquette du voyageur est celle du voleur de poules. Le voyageur est nécessairement un voleur, il fait du bruit, il est sale, il est en échec scolaire et surtout il ne sait pas s’intégrer. Il est nomade et ne veut pas s’installer quelque part. Pourtant, la plupart des voyageurs se sédentarisent, travaillent et leurs enfants sont scolarisés.
Nous sommes comme le reste de la population, notre habitat est simplement différent. Comme partout, il y a des gens bien et des gens moins bien, mais on a tendance à nous mettre tous dans le même panier.
Ce n’est pas tant l’habitat mobile qui est stigmatisé, mais plutôt ceux qui y vivent.Ces clichés alimentent la discrimination et nous excluent socialement.
Les médias alimentent régulièrement les préjugés à l’égard des gens du voyage.
Dans un article pour Slate, William Acker dénonce les émissions de télévision sur les gens du voyage, notamment sur M6 et C8, comme étant « des piliers de l’anti-tsiganisme » en France. Leurs choix éditoriaux sensationnalistes sont axés principalement sur la recherche des délits et la focalisation sur l’argent au sein de ces communautés, renforçant un imaginaire raciste du public qui les perçoit comme une mafia. L’anti-tsiganisme, la haine envers les Roms et la peur des Gitans sont les formes de racisme les plus courantes. Chaque année, le rapport de la Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH) souligne que les Tsiganes sont la minorité la moins tolérée en France, ce qui fait de l’anti-tsiganisme la forme de racisme la plus répandue et acceptée dans notre société.
Les médias alimentent cette peur des gens du voyage. Tout d’abord, par sensationnalisme, amplifiant les stéréotypes négatifs pour vendre. Les préjugés des journalistes et rédacteurs peuvent influencer la manière dont les histoires sont choisies et racontées. En privilégiant les récits simples et stéréotypés, ils négligent la complexité des questions liées aux gens du voyage. Le manque de diversité au sein des rédactions et la demande du public peut aussi jouer un rôle, les médias étant susceptibles de diffuser des histoires qui correspondent aux croyances et aux préjugés répandus parmi leur auditoire.
« Quand on parle de nous dans les médias, c’est toujours pour nous dénigrer, c’est toujours pour des faits divers, jamais pour quelque chose de positif. Les médias utilisent tout le temps cette expression des gens “issus la communauté des gens voyages”, pourquoi ne pas parler des gens “issus de la communauté bretonne”, etc., pourquoi toujours différencier les gens du voyage dès que c’est un fait divers ? On recolle l’étiquette.
Ensuite, les articles sur le stationnement illicite des gens du voyage ne présentent pas le contexte complet. Ils se concentrent uniquement sur l’infraction sans expliquer pourquoi cela se produit. On ne parle pas tout le parcours et les difficultés que rencontrent ces voyageurs pour trouver un endroit où se garer légalement. Parfois, les aires d’accueil sont fermées ou il n’y a pas assez de places, donc les voyageurs se retrouvent contraints de se garer illégalement. Ces aspects sont souvent ignorés, on donne surtout la parole aux élus et au voisinage, sans expliquer les raisons profondes du problème.
Enfin, ce qui me choque c’est que la plupart des articles mettent des photos de bidonvilles pour illustrer les gens du voyage. Quelle image ça donne de nous ? Une aire d’accueil ne ressemble pas à un bidonville, sur une aire d’accueil les caravanes sont entretenues. Ça ne peut que renforcer les préjugés. J’entends souvent les journalistes dire qu’il n’y a rien sur les gens du voyage dans les banques d’images, alors par facilité, ils vont prendre une photo d’un bidonville Roms sans penser aux conséquences.»
Laëticia de l’ADGVC44
Les articles sur les gens du voyage doivent prendre en compte toute la complexité de la situation, éviter les stéréotypes et mettre en lumière les défis auxquels sont confrontés les voyageurs pour trouver un logement légal et décent.
Il y a beaucoup de voyageurs sédentarisés ou non qui ne veulent pas qu’on sache que ce sont des voyageurs. Ils sont intégrés dans la société, travaillent. Ils ont peur que ça leur ferme des portes au niveau professionnel mais aussi que ça les coupe socialement.
On a plusieurs exemples à l’association de voyageurs dont l’entourage s’en est rendu compte à l’occasion d’un décès, d’un mariage ou d’un problème de santé. Les réactions sont immédiates, certains ont perdu des clients et d’autres leur emploi, simplement parce qu’ils faisaient partie de la communauté, ils n’étaient plus dignes de confiance… Il faut vraiment faire évoluer les mentalités.
« Exposés à une discrimination systémique, les « Gens du voyage » constituent la minorité concentrant le plus d’opinions négatives de la part de la population française. L’enquête menée par l’Agence européenne des droits fondamentaux étaye les témoignages rapportés lors des consultations organisées par la Défenseur des droits. Preuve que les stéréotypes dont sont victimes les gens du voyage sont solidement ancrés, plus d’un Français sur deux dit se sentir mal à l’aise à l’idée d’avoir des Roms ou des gens du voyage comme voisins.
L’étude rapporte que 35% des participants ont été victimes d’un harcèlement motivé par la haine et que 5% d’entre eux ont subi des agressions physiques motivées par la haine au cours des 12 mois précédant l’enquête. En outre, un enfant « du voyage » sur cinq a été victime de propos offensants ou menaçants en raison de son appartenance à ce groupe. »
Tiré du rapport 2021 du Défenseur des droits : « Gens du voyage : lever les entraves aux droits »
« On a mené une campagne avec l’ADGVC44. Sur les aires d’accueil, on ne peut pas prétendre à l’allocation logement. Alors on a fait un test : sur une aire d’accueil on a enlevé les roues d’une partie des caravanes et on a rempli les dossiers pour la CAF.
Les caravanes qui n’avaient plus de roues ont eu droit à l’allocation, les autres non. Finalement, ils se sont rendus compte que tout le monde était du voyage, donc ils ont coupé l’allocation, ça en dit long. »
Christophe de l’ADGVC44
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